Now
Season
Claire Bardainne

Claire Bardainne

À Paris
En June 2010
C'était l’été
Ref 260.00a

Je regarde par le viseur du fidèle Leica. Il y a le cadre lumineux, qui trace les limites du 50mm, et le viseur à coïncidence au milieu, un peu plus clair et si précis, qui me dit à quelle distance je me trouve de ce que je cherche.La scène qui se déroule devant moi est très sombre, ou embrouillée. Je ne sais pas encore ce que je vise, mais, petit à petit, selon leur habitude, certaines formes se mettent à briller, je sens qu'il faut aller plus à gauche, ou m'approcher plus près, aller sous une lumière oblique. Mais, malgré tous mes efforts, je ne vois pas mieux ce que je vise, et je finis par me demander si ce n'est pas tout simplement le télémètre qui est sale, et qui brouille tout. Pour en avoir le coeur net, j'écarte mon œil (mon œil a perdu un peu de son acuité à force de viser, il lui faut une seconde pour faire le point sur l'oeilleton de l'appareil) et effectivement, avec un peu de distance, je vois mieux ce qu'il y a au travers du viseur.Mais je ne suis pas réellement satisfait, car, au travers du viseur, la scène que l'appareil voit représente le viseur, un peu caché par une tête qui vient de s’en écarter, et que j'ai rarement l'occasion de voir de derrière. Tout était noir, bien sûr, bien sûr, parce que ma tête était devant le viseur qui visait ma tête. Il faudra donc se résoudre à ce que le viseur voie ce que mon œil voit, ou plutôt, à ce qu’il n'y a jamais eu d'appareil photographique.

Paris, le 22 octobre 2007

Bye—bye Woody

Bye—bye Woody

En June 2010
C'était l’été
Ref 257.25

D’abord quelques disparitions éparses, suivies par la découverte des corps abandonnés au sol sans dignité et à la vue de tous, laissent aux médias imaginer un, puis plusieurs tueurs dénués de la peur de la justice, inhumains et sans pudeur. Ensuite viennent les premiers vastes phénomènes, qui impliquent des meubles, des camions et des ponts. Les objets manufacturés se brisent, coupent, écrasent, poursuivent, hantent, oublient et pourchassent à nouveau. Les gratte-ciels de la baie de la rivière Hudson se séparent en deux et s’écroulent. Finalement les arbres et les pierres s’ouvrent, s’agitent et s’écroulent et l’océan qui se fend achève d’envahir l’horizon. Il a été décidé que cette version-ci devait recomencer, et nul soin n'est plus porté à en perpétuer les règles et la physique, ce qui veut dire que moi aussi je vais mourir, parmi la nécessaire et méthodique annulation de chacun des témoins.

Paris, le 3 mai 2011

Retrouver les vieux copains

Retrouver les vieux copains

En June 2010
C'était l’été
Ref 256.30

Je rêve, allongé dans le lit de Casa San Pietro, qu’il se produit enfin un événement, juste en face, devant le café qui fait l’angle. Mais ce qui ralentit et densifie la foule pressée, ce n’est pas de la liesse, plutôt de la suspicion, et si ça se trouve de l’effroi.

Au travers de la grande baie vitrée, nous regardons un homme devenu fou tenir en otage les clients du café. Une intervention de la police est plus qu’hypothétique, l’homme peut s’en donner à coeur-joie. La foule regarde ce massacre comme un spectacle télévisuel, il y a un monde entre les otages et nous.

Mais, comme pour chaque événement, la répétition, ou l’habitude que les choses aient une fin ralentissent le spectacle petit à petit. La nuit tombe et les spectateurs sont décimés. Entre ceux qui sont rentrés chez eux et ceux qui se sont endormis à la longue, nous ne sommes plus que trois ou quatre. Moi aussi je cherche s’il reste quelque chose d’intéressant dans ce massacre. Je m’approche de la vitre, je regarde au fond, sous les tables, entre les cadavres. Sous une petite console, il y a une tête décapitée. C’est une tête de femme brune, je crois, et elle essaie de me dire quelque chose, ses lèvres bougent mais son regard se vide tendrement, comme si elle avait froid. Je comprends que cette femme vit encore et que la fumée bleue qui entoure sa tête est du gel. Le fou devait s’ennuyer lui aussi, et il s’est mit à décapiter des gens puis à congeler leur tête pour que la personne, en se réchauffant, meure lentement.

Je m’approche de la jolie tête couchée sur un duvet blanc. Son inclinaison et le coton fumeux qui l’entourent ne me sont pas inconnus, ils me rappellent vaguement la position que je dois avoir dans mon lit. Alors je me réveille violemment de mon rêve, convaincu que quelqu’un me

*

Dans la seconde partie de ce rêve, qui reprend juste après que je me sois rendormi, le mal que causait le tueur du café parvient à échapper aux fenêtres et se répand dans la ville. C’est une immense forme inhumaine composée de ballons blancs, avec deux bras, deux jambes, un tronc et une tête. La forme se déplace tantôt à quatre pattes en éclatant les vitres des immeubles, tantôt en roulant, les ballons avalés par le dessous et réapparaissant n’importe où dans la masse. Les habitants courent en hurlant, je vois dans leurs bras des objets précieux qu’ils essayent de sauver, et qui sont des objets personnels et sans valeur. Mais l’extinction est proche, et bientôt la ville entière sera un désert livré aux mains des militaires.

Je suis caché sous les planches d’un terrain vague. La supposition que tous les autres ne soient pas morts, mais aient été transformés en ballons ne me rassure pas. Soudain j’entends un bruit fantastique. J’ai choisi pile le terrain vague où le mal vient pour se rassembler. La forme agitée se dresse sur deux jambes, et un autre bruit se fait entendre, puis un autre, et je réalise que cette pauvre créature n’a pas désiré toute cette tuerie. Comme n’importe quel parisien, il se rendait à un rendez-vous avec un peu de retard, et ses amis immenses le rejoignent.
Je sais aussi que l’armée leur a tendu un piège et que ce rassemblement est le dernier. Si celui qui est composé de ballons n’est pas seul, il n’est peut-être pas non plus le plus horrible. J’entends l’armement des canons et le ciel se remplit d’ombre.

Casa San Pietro, 11 octobre 2007

2010 Ditte Hviid and the 1941 Focke-Wulf

2010 Ditte Hviid and the 1941 Focke-Wulf

En May 2010
C'était le printemps
Ref 258.32

For a long time, i paid attention only to the dreams when my dad, who died last year, condescended to visit me, and unveil a bit of the layered person he was. He visited me with great assiduity when he was alive, and continues to do so. To prepare myself for those dreams, i started to write down all the other dreams, dreams of restless creditors and houses that are mazes; and, when i was younger, another wild character started to pay me visits in dreams. I suppose that dreams which foresee the future are less important than those many childish games, that are pure invention of the mind. Tonight, i had a dream of Ditte.
We were walking along via Giulia in Rome, among the coloured light of the standard lamps, on a long journey to somewhere, in another country, but as the sun set, it became cleat that it was far too late to jump in any train of plane, so we decided to rent a room and wait for the morning. By the fact that we were both holding a suit bag, i’d say we were on our way back from a wedding, or on our way to one. The morning came, and we took a long train to the other country. I remember i combed her long hair, but she had them coloured in black and it surprised me. When we arrived in the other country, it was dark again, and we had to rent another room for another night. At the hotel desk, the groom was a very unpleasant woman with short hair and a monstrous bust. I thought, looking at the prices, that it was a little expensive here to stay among monsters. We walked nonetheless to room 16, opened the door and started to settle in, but something was wrong: the bed wasn’t done, and it smelled of someone, there were shoes on the floor and smoke in the bathroom. I looked at the keys in my hand, it indeed said 16, but we realized, closing the door in a guilty silence, that we used the keys from the first hotel, instead of the ones we had just been given.
For long minutes we wandered in the halls without a word, wondering if every key to every hotel room in the world would in fact open the door to a single, magical, continuous room, and opposed and contradictory things could randomly meet, and be as one.
Paris, 5 septembre 2010

Just when we're safest there's a sunset touch, a fancy from a flower bell, someone's death, a chorus ending from Euripides

Just when we're safest there's a sunset touch, a fancy from a flower bell, someone's death, a chorus ending from Euripides

En May 2010
C'était le printemps
Ref 257.31

Thus, the language is shifting; the Latins knew all about that. And the reader is shifting also. This brings us back to the old metaphor of the Greeks - the metaphor, or rather the truth, about no man stepping twice into the same river. And there is, I think, an element of fear here. At first we are apt to think of the river as flowing. We think, "Of course, the river goes on but the water is changing." Then, with an emerging sense of awe, we feel that we too are changing - that we are as shifting and evanescent as the river is.However, we need not worry too much about the fate of the classics, because beauty is always with us. Here I would like to quote another verse, by Browning, perhaps a now-forgotten poet. He says:
Just when we're safest,There's a sunset touch,A fancy from a flower-bell, some one's death,A chorus-ending from Euripides.Yet the first line is enough: "Just when we're safest . . ." That is to say, beauty is lurking all about us. It may come to us in the name of a film; it may come to us in some popular lyric; we may even find it in the pages of a great or famous writer.
J.L.B. in the Charles Eliot Norton Lectures, 1968.

La procrastination

La procrastination

En May 2010
C'était le printemps
Ref 256.16

Il existe une chambre à Munich si visitée qu’il faudra la reconfigurer bientôt en appartement, afin d’y adjoindre un préau, des cours pavées, des granges, un hémicycle, des contre-cours et une herse principale. Lorsque j’entre, avec un ami, dans la plus petite configuration, nous discutons de ce que nous allons faire ce soir. Je lui ai promis de lui faire visiter la ville, qui s’étend au-delà des limites de l’appartement. Quelque chose que j’avais précédemment promis à quelqu’un d’autre rode, mais ne se révèle pas. «Nous sommes lundi, pensais-je. Quel engagement pourrais-je bien avoir pris ?». En déambulant entre les murs qui s’écartent et les pièces déjà peuplées, je me souviens qu’Hannah avait promis elle aussi de me voir ce soir. Nous devions nous rappeler. Ce coup de téléphone devient ma priorité absolue, je dois d’ailleurs créer aussi vite que possible les conditions d’intimité qui lui permettront d’exister : virer tous ces gens. Mais les herses sont ouvertes, et parce que la petite ferme possède déjà plusieurs hangars et des petites places avec des fontaines, les badauds passent leurs têtes si jolies et viennent s’asseoir sur les marches de pierre. Je redouble d’effort pour demander gentiment à chacun de partir. Il y a des vieux, des jeunes, c’est difficile de contenir les enfants ; je promets tout un tas de choses, et la dette se creuse à chaque nouvelle vague de visiteurs. Les fondations d’un petit panthéon sont faites de glace et certains curieux sont coulés dedans, je ne sais pas comment je vais les en déloger. Finalement la nuit tombe. Je n’ai pas encore annoncé à mon ami qu’il se retrouvera tout seul ce soir, par contre, je suis parvenu à ne pas appeler Hannah du tout. Je m’assois sous le lampadaire multicolore d’une des maisons qui ravivent le village. Un homme s’assoit à mes côtés pour regarder le ciel ; je me sens moins dégouté par son aspect rustre et paysan que parce qu’il déborde de mon plan. «C’est une propriété privée» lui-dis je. «Moi aussi, j’habite ici» me répond l’homme, en regardant la guirlande des lampadaires multicolores qui se confond avec les étoiles ; Munich là-bas, par delà la circonférence intraversable de mon appartement, est comme éteinte, et moi, comme les plans cadastraux et le compte de mes concitoyens n’ont pas été épargnés par l’oubli, je ne lui réponds pas. Je me demande par contre quelle forme possède la clef qui ouvre la porte de cet appartement insatiable, dont les frontières ont reconduit Munich vers la forêt noire, et les mythes inassouvis.
Paris le 14 mars 2011

L'espace public

L'espace public

En April 2010
C'était le printemps
Ref 256.2

Ces travaux devant les deux expositions de chez moi, à hauteur des carreaux de chaque fenêtre, me harassent et me tourmentent. Ce matin, en arrivant, je vois toute une famille d’ivoiriens rassemblés pour construire, au dessus du petit des mes balcons qui donne sur le square Louvois, une terrasse dédiée au Conseil d’Etat. D’abord surpris qu’ils aient eu besoin de pénétrer dans ma chambre, et jusque sur mon lit, pour appuyer divers systèmes de poulies et de mousquetons, c’est finalement la présence dans leur équipe de deux enfants qui achève d’éveiller ma suspicion. «Je ne souhaite pas ralentir votre travail» dis-je «mais il n’est pas acceptable que vous vous baladiez comme ça dans ma chambre». Personne n’a véritablement l’air de comprendre ce que je dis. Je veux juste leur faire comprendre que c’est ma chambre, et que c’en est déjà assez de me faire regarder par la fenêtre du sixième étage tous les matins.
Sans gène, les deux petits se baladent partout, ils ouvrent aussi mes placards, ils passent leurs bras entre mes vêtements suspendus. J’en attrape un par les épaules, je le plaque sur le lit près de celle que je soupçonne être sa mère, et je lui crie dessus, avec un ton et une grammaire réservées aux enfants : «non, tu n’as pas le droit de faire ça, ce n’est pas à toi!». Les arguments qui suivent, bien que ni mon ton ni ma grammaire ne changent, je les adresse en fait à un adulte, pour justifier ma colère. Mais quand je lache l’enfant, chacun de cette famille retourne à sa besogne en passant par la fenêtre, sans se soucier de lui, dont il devient clair qu’il n’est ni plus ni moins qu’un membre autonome de cette équipe. Pendant ce temps, le grand paysage s’ébroue.
Paris, 16 juillet 2010

Affronter ses erreurs

Affronter ses erreurs

En April 2010
C'était le printemps
Ref 254.31a

J’entends la petite chinoise frapper, porte après porte aux bois de l’immeuble pour demander du travail. J’allais sortir, je suis tout prêt, mais je reste debout devant la poignée sans bouger, pour éviter de la croiser, car je n’ai rien à lui offrir et pas franchement envie de devoir le lui dire. Soudainement, il n’y a pas de cadenas à ma porte. Ne serait-ce qu’en y frappant, ce qui est voué à arriver, elle la fera entrebailler, très certainement assez pour voir que je suis juste derrière.
Alors qu’elle parvient à mon étage, je cale la porte avec mon pied, en espérant pouvoir donner l’impression de fermeté, mais c’est un échec absolu. Non seulement la petite chinoise se rend compte que j’essaie péniblement de bloquer la porte, mais elle déduit aussi immédiatement que je suis planté derrière depuis un bout de temps, à me cacher, sans que mes motifs, qui sont obscurs à moi-même, ne parviennent à être percés, ni par moi, ni par la quémandeuse.
Manapany 22 janvier 2010

La fuite en avant

La fuite en avant

À Bayern
En March 2010
C'était le printemps
Ref 255.17a

Après plusieurs jours dans cette ville, j’en connais les repères cardinaux, la musicalité des voix et des vents, les visages des voleurs qui reviennent aux mêmes tables, les chemins qui confondent et qui relient deux points et le geste de lancer une rose au char de santa Rosalia. Malgré cela, au terme d’un monologue infini, tu parviens à ne pas être d’accord avec ma capitainerie et ma manière de nous guider. Je m’étonne moins de recevoir ta désapprobation que de te voir refuser ce qui est ostensiblement ta propre manière de faire, ce que tu attends de quelqu'un, et ce sans quoi tu ne m'admirerais pas.

Une phrase me vient : «she’s wired differently», et je comprends par cette phrase, qu’un de tes amis a dite, que je n’invente pas et que je ne suis pas en train de rêver, je suis en train de me souvenir de toi.

Palermo, 31 août 2010

Cidrüd & Lue

Cidrüd & Lue

À Paris
En March 2010
C'était le printemps
Ref 254.14a

Hier matin, rue Bonaparte, deux adolescents qui s’embrassaient vainement, et dans le bonheur.

Hier nuit, rêvé de Hannah. Nous nous retrouvons assis dans une pièce ovale avec d’autres, quelque chose de l’exposition universelle, ou d’un monde magique et complexe à la fois est présenté à la foule. Marche dans la rue, devant une vitrine de restaurant. Je suis à la fois si sûr de moi, et prêt à faire des erreurs, l’enjeux est de taille, mais si je n’y pense pas, elle verra que je suis un chic type. Je n’ai pas besoin de l’autre.

Cette nuit, rêvé de Lue. Chez ma mère, avant que nous n’habitions en face de chez nous, dans ma chambre d’enfant. Quel amour ! Nous dormons dans ma chambre, nous regardons par la fenêtre, le solitaire cèdre du Liban, venir le redoux.

Paris, le 21 fevrier 2008

De quoi tu te caches

De quoi tu te caches

À Paris
En February 2010
C'était l’hiver
Ref 248.28

Un rêve au sujet de la dette. Je suis déjà en retard pour passer prendre le colis à la boulangerie, et les piétinements impatients des gardiens et des portiers qui, pourtant, me doivent le service, et que je vais payer, me harassent et me tourmentent. Enfin parvenu à retirer le colis, je dois me diriger avec la même angoisse vers le grand hall où se déroulent les festivités de ce soir, et pour lesquelles je suis aussi en retard. Tout le monde m’attend, et H attend le contenu de ce colis; je souffle péniblement en songeant aux grandes responsabilités cérémonieuses qui ne peuvent commencer sans notre présence.

Parvenu au milieu de la foule, je dois me résoudre à ce que cette dernière certitude, qui rendait mon angoisse habitable et presque justifiée, tombe en miettes : la soirée bat son plein et je me retrouve embarrassé de tous mes efforts, soudainement devenus inutiles. L’idée que toute la pression dont j’ai été accablé au long de mes trajets soit aussi frappé d’inutilité, puisque la soirée se déroule très bien sans que je n’ai achevé aucune des tâches dont ce bon déroulement dépendait, ne parvient pas à me déculpabiliser. Je fuis le regard des musiciens et de leurs danseurs. Réfugié dans un grand amphithéâtre, accroché à mon colis absurde, pour ne pas affronter la bonté et la tendresse de Vincenzo, je vois qui s’élabore en moi l’histoire fantastique d’une vaste conspiration dont je ne serai qu’un pion, mais qui me redonne un rôle, celui de la révéler. Cette nouvelle place, qui est la mienne et que je n’ai pas choisie, apparentée au destin, meule ou atténue la hauteur sous plafond, l’angle du balancement des lustres, la cymbale des ceinturons, moi, mes responsabilités fuies des Cahiers, ces lettres en retard qui s’entassent sur des lettres, et le sens secret de ce gâteau au chocolat qui attache aux parois du colis et qu’H n’aura jamais.

September 26th 2010, The Jane, room 622, NYC