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Bye—bye Woody

Bye—bye Woody

En June 2010
C'était l’été
Ref 257.25

D’abord quelques disparitions éparses, suivies par la découverte des corps abandonnés au sol sans dignité et à la vue de tous, laissent aux médias imaginer un, puis plusieurs tueurs dénués de la peur de la justice, inhumains et sans pudeur. Ensuite viennent les premiers vastes phénomènes, qui impliquent des meubles, des camions et des ponts. Les objets manufacturés se brisent, coupent, écrasent, poursuivent, hantent, oublient et pourchassent à nouveau. Les gratte-ciels de la baie de la rivière Hudson se séparent en deux et s’écroulent. Finalement les arbres et les pierres s’ouvrent, s’agitent et s’écroulent et l’océan qui se fend achève d’envahir l’horizon. Il a été décidé que cette version-ci devait recomencer, et nul soin n'est plus porté à en perpétuer les règles et la physique, ce qui veut dire que moi aussi je vais mourir, parmi la nécessaire et méthodique annulation de chacun des témoins.

Paris, le 3 mai 2011

Visite chez Tante Janine

Visite chez Tante Janine

En November -0001
C'était l’automne
Ref 245.24

Je regarde ta petite tête oiselle, qui regarde les choses. Tu as les cheveux courts, comme il est arrivé à d’autres d’avoir les cheveux courts, mais tu es blanche, avec le nez joli, et on dirait que tes yeux qui regardent les choses savent où ils sont, et qui ils sont ; personne ne te conduit magiquement, aucune ancienne beauté ne te traverse, tu n’es le passeur inconscient de nulle merveille que tu ignores ou bien refuses, et les feuilles de la jungle, comme les mains jointes de mes amis, savent que ce qu’ils reçoivent de toi n’appartient qu’à eux ; et en cela tu es nouvelle, je te regarde et lentement je deviens amoureux de qui que tu sois et de nos espoirs, jeunes à nouveau.
Piazza de renzi, 13 août 2010

They live in a perpetual summer of being themselves

They live in a perpetual summer of being themselves

En November -0001
C'était l’automne
Ref 229.10a

Pour mettre fin à ces poursuites incessantes, ces lettres qui encombrent ma boîte et celles de mes anciens appartements de créances, de dettes, et de nouveaux projets, je décide de déménager à Rome, dans les buissons, où personne ne me trouvera, et où je trouverai le bonheur et la sérénité, comme les personnages de Dickens dont Chesterton disait qu'ils vivaient "dans un été perpetuel d'être eux-mêmes".
Zagora, le 27 août 2008

Every other day

Every other day

En November -0001
C'était l’automne
Ref 218.15

Je me revois appuyer contre la porte de chez elle une petite feuille de papier, et hésiter à la langue dans laquelle j’allais laisser mon message. L’idée d’avoir fait tout ce chemin et de repartir sans que personne ne le sache, ou qu’elle le sache trop tard, me revenait magiquement au même. Je me suis fait tant de soucis dès que j’ai appris sa maladie, c'était à en creuver. Pendant le voyage, les souvenirs de ses problèmes aux yeux, de sa bosse apparue sans raison, de son asme, de ses allergies, de toutes les choses qui lui arrivaient tout le temps et la conduisaient chez les médecins avaient un peu atténué le sentiment d’urgence. Et maintenant que je me tenais là, c’était comme si je n’y croyais plus. «Je n’ouvrirai pas la porte», pensai-je, «pour trouver ma place dans sa trêve sordide et insensée, mais je suis venu, j’ai été fidèle à moi-même». C’est à ce moment là que Wolfgang me surprit.
On n’annonça pas mon arrivée, mais, en longeant le couloir de l’appartement, je repris peur. C’était donc vrai, elle avait été frappée par une maladie incurable. Je vis immédiatement les symptômes de cette maladie : Hannah avait été rétrécie à moins de 20cm, une toute petite merveille parfaitement proportionnée, mais de la taille d’un livre. «Il doit y avoir un remède», lui dis-je, en songeant alarmé à la relation qui nous attendait, pleine de déséquilibres de poids, de forme et de force. «Non, il n’y en a aucune» répondit-elle. Mais, au travers de l’affirmation médicale, j’entendis un bonheur étrange. En la regardant se mouvoir dans une maison en tout petit avec des petits canapés et une petite télé et une petite thériere avec un chauffe plat petit, qu’elle s’était construit avec une vitesse suspecte, je compris que cette nouvelle certitude, qu’aucune relation équilibrée n’était désormais possible, était précisément ce qui la rendait légère et libre de l’échec.
Paris, perdu au mois de janvier

Te voilà, après tant d'années

Te voilà, après tant d'années

En November -0001
C'était l’automne
Ref 204.13

Une araignée est venue par la latérale poser ses quatre pattes dans mes quatre doigts allongés. Nous nous sommes repliés. Je ressens si fort cette harmonie parfaite des formes et des destins contre nature !
Marrakech, le 22 août 2008