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Autonome, créatrice, dispendieuse et source, comme une adulte.

Autonome, créatrice, dispendieuse et source, comme une adulte.

À Bayern
En July 2012
C'était l’été
Ref 318.1

Julie B. est assise à côté de moi. Elle a tout préparé, malgré le nombre incalculable de personnes qui viendront à diner, elle a tout préparé. Je ne vois pas le festin, mais je sais qu’il compte de nombreuses couleurs, se compose d’une variété presque infinie de goûts et de souvenirs de goûts. Je sais que toutes les formes sont imparfaites et que, comme dans une forêt, il n’y a aucun angle, parce que tout a été fait à la main. Cela me rassure, alors que Julie est assise à côté de moi, silencieusement, autonome, créatrice, dispendieuse et source, comme une adulte.

Richesses imaginaires et convoitises symboliques

Richesses imaginaires et convoitises symboliques

En July 2012
C'était l’été
Ref 312.29

Pour rejoindre JP, qui m’attend dans une autre section de New-York moins bruyante, moins empilée, j’attrape un taxi. Je ne sais pas véritablement où nous allons, la seule chose que je possède sont les indications que JP m’a données, et le taxi imagine déjà me fournir un service de bonne qualité en m’assurant qu’il connaît le lieu, le meilleur chemin absolu pour le rejoindre ainsi que l’influence de nombreuses variables sur ce chemin. Moi je garde un oeil sur le compteur car je sais que dans mes rêves je n’ai jamais la bonne monnaie ou bien la bonne devise pour payer mes rencontres.

Nous parvenons aux grilles d’une grande villa. En descendant de la voiture, j’aperçois JP, en tenue de tennis, de l’autre côté d’un vaste par-terre herbu, rond et sauvage comme une colline. «Combien vous dois-je» dis-je au chauffeur. «Pour le trajet, c’est 70 dollars» me répond l’homme, qui, en sortant à son tour de la voiture, révèle une taille et une maigreur insoupçonnées. «Mais, dis-je en tremblant, le compteur indiquait 27 dollars». «Vous ne pouvez pas savoir combien coute l’essence, ni les pièces de rechange, ni tous les autres paramètres qui déterminent le prix qui vous sera demandé» me répond le conducteur. «Ce ne sont pas des choses que vous pouvez connaître, et elles influencent parfaitement le prix de la course, comme le temps qu’il fait, l’alignement des astres, ou le vent ou la déclivité du terrain».

Je regarde dans mon porte-feuille et vois 45 dollars que je lui tends en disant «voilà tout ce que j’ai, 27 dollars pour le compteur et 28 dollars de tip». L’homme remonte dans sa voiture sans un bruit, mais je sens de l’amertume et aussi une résignation qui ne se forge que dans l’habitude. Je m’accroche à sa fenêtre en psalmodiant avec soudaineté «ne partez pas, je dois vous régler ce que je vous dois. Par ailleurs, j’ai toujours une carte, et vous pouvez recevoir des paiements par carte.» Mais notre différent n’a plus rien à voir avec l’argent, il est devenu une question de blessure et d’égo qui nous déparie. Lorsque le conducteur est parti, je reste avec JP à regarder la grille, en me demandant ce qui va se passer, un peu honteux de compter que, dans l’affaire, j’aurais tout de même gagné une course gratuite, puisqu’il a refusé tout mon argent.

Un petit vent fait du silence sur la plaine et du bruit en se glissant entre les barreaux de la grillse. Puis un autre homme, encore plus grand et encore plus maigre que le chauffeur de taxi, se présente à la grille. Il me fait signe de m’approcher avec un ton policier typique aux forces américaines : agressif, obstructif, écrasant, l’inverse de la justice. Il m’accuse immédiatement de ne pas avoir réglé ma course de taxi, et m’annonce que dorénavant je serai parqué ici, dans cette immense villa, sans espoir d’en sortir. J’essaie bien de lui expliquer que non seulement le compteur dément les propos du conducteur, mais aussi qu’il a refusé que je le paie en carte. Il semble que, parce qu’on m’accuse, tout ce que je dis soit une manière de me défendre, et donc sujet à la suspicion. Son principal soucis n’est pas tant de régler cette histoire que de montrer au plaignant qu’il a le droit absolu de faire valoir sa parole.

A la manière des conjurations japonaises, l’homme placarde un bout de papier sur la grille de la villa, sur lequel il ajoute quelque cryptogramme légal indiquant publiquement, à mes contemporains et aux dieux curieux, les chaines de ma sentence. Moi je regarde par dessus mon épaule le domaine qu’il me reviendra désormais de hanter, la colline qui mène à la villa, ses herbes qui poussent à vue d’oeil, les haies qui séparent les allées, les recoins qui scindent et multiplient les sentiers, et le lent paysage horizontal qui est une métaphore de l’égalité et de l’imminence chaque fois renouvelée de l’aventure ; sans trop de peine, je regarde.

Rêvé à Vence, le 29 avril 2011

N'agitez pas mon déplacement !

N'agitez pas mon déplacement !

À Trains
En July 2012
C'était l’été
Ref 311.12

Le rêve commence dans le métro de Tokyo. Quelque chose ne me souhaite pas la bienvenue : je le sais dès que j’enjambe légèrement une balustrade sans, comme tout de monde, faire les tours qu’il faut pour arriver à la queue : je vais le payer. Peut-être indirectement, mais je vais le payer.

Une fois assis, avec tous mes bagages, je sais que je parts pour une destination lointaine et heureuse. A l’intérieur de moi une sérénité s’installe. Une passagère en face de moi, une européenne (personne n’est japonais dans le métro) m’adresse la parole. Je sais ce qu’elle veut dire, je sais ce qu’elle va dire, je la devine comme souvent les gens sont facile à lire. Cela me dérange car c’est l’inverse de l’idée d’aventure et d’exoticité dans laquelle je m’installais. Brusquement je termine sa phrase avant elle et le dernier mot est le mot «pudeur». Elle comprend que je ne suis pas intéressé à converser et cela la renfrogne. Il me faudra de longs moments pour retrouver la sérénité et la concentration nécessaires au voyage.

Rêvé le 9/6/13 à Rameau

S’il vient un feu, pour les en sauver, il faut les tromper.

S’il vient un feu, pour les en sauver, il faut les tromper.

À Paris
En June 2012
C'était l’été
Ref 310.14

Alors que je me rhabille un peu, je dis à Steph, qui marche avec moi, que la rue de Richelieu est longue et puante ; comme il ont bien fait de la reboucher en insérant un long tube d’immeubles en une fois, par le dessus du ciel, comme en versant une crème.

«Et les pompiers ?» demande Stéphane. « Comment font-il lorsqu’il y a un incendie pour accéder aux immeubles intérieurs ?»

«Ce sont des forces particulières», répondis-je. «Certains d’entre eux se ressemblent comme des jumeaux, et ce sont ceux-là qui s’occupent des deux extrémités du tube. D’autres ont la possibilité fantastique de changer de visage, afin de pouvoir ressembler aux pompiers originaux qui oeuvraient dans les tronçons intermédiaires et les parties centrales, qui sont donc condamnés depuis des lustres et où les habitants ne se font plus confiance qu’entre eux, ne croient plus qu’à ce qu’ils connaissent d’avant l’époque de leur isolement, et où les étrangers reçoivent un mauvais traitement. S’il vient un feu, pour les en sauver, il faut les tromper.»

Rêvé à Paris le 17 janvier 2012

Satori

Satori

À Paris
En June 2012
C'était l’été
Ref 310.13

Nous sommes nombreux dans une salle de pratique de yoga. Je suis dans une position face au reste des hommes, mais une autre personne plus influente, plus indiquée par ses vêtements, son âge et sa barbe, dirige la pratique.

Une femme assez vieille rentre, visiblement étrangère au groupe et au yoga (son corps, ses vêtements). Elle paie le Maître pour qu’il joue une pratique pour elle. Le Maitre, accoudé à une statue de la vierge, accepte et propose un Je-vous-salue-Marie. Tout le monde s’assoit très vite et nous nous rendons compte que le maître joue la pratique pour tous, mais alors qu’elle est habituelle gratuite, il fera cette fois-ci payer la dame : nous pratiquons ensemble ce que la dame à en fait payé pour nous.

Les paroles du Maître sont si rapides et si inarticulées qu’il est difficile de le suivre. Cela me laisse penser que nous entrons dans une boucle car, à cette vitesse, il ne pourra pas y avoir qu’un seul je-vous-salue, cela serait trop peu pour l’argent de la dame. Je ferme les yeux et rentre dans la pratique.

Soudain une activation involontaire des muscles de mon cou se produit ; ma tête souhaite pivoter. Après un réflexe de resistance, je décide de céder, jugeant que c’est là le but de la pratique. Mon cou est alors animé de droite à gauche, parfois par saccade, sans que je ne veuille rien ; il arrive que je craigne qu’on souhaite me le briser. Quelqu’un possède désormais mon cou.

Au réveil me reste l’idée “je dois avoir un problème de cou”.

Rêvé à Rameau le 8/11/13

Père Berçons

Père Berçons

En May 2012
C'était le printemps
Ref 306.2

"Et lorsque l'adversité viendra (je ne dis pas "si" elle vient, car elle viendra), je voudrais donner ce conseil aux hommes et aux femmes qui s'impliquent dans le mariage. Je voudrais leur donner le conseil de s'asseoir l'un à côté de l'autre, et de regarder dans la même direction, devant, et de parler. Pas de s'asseoir l'un en face de l'autre pour parler, parce que lorsqu'on regarde les gens en face, on les regarde aussi souvent avec un peu de confrontation, un peu d'adversité. De s'asseoir à côté l'un de l'autre, et de regarder dans la même direction, et de parler, pour continuer de prendre le même chemin, même s'il est broussailleux, pour parler de ce qu'on voit, devant, et qui s'approche en commun."