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La "main gauche de l'aube"

La "main gauche de l'aube"

En October 2006
C'était l’automne
Ref 164.24a

Je ne sais pas qui lut ce poème à voix haute en premier, si c'était une étudiante à Buenos Aires en 1966, ou un étudiant à Cambridge en 1967 ou 68, ou Patrick Devedjian lors d'un dîner rue Pierre et Marie Curie, ou Edward Fitzgerald qui l'écrivit, ou la femme d'Edward Fitzgerald, dans la ferveur de la curiosité. Je l'ai lu sur l'oreiller il y a peu.Lorsque les photographies arrivent, je les place sur le mur, où elles restent longtemps. Certaines s'essouflent et tombent d'elles-mêmes, je les range et on ne les voit pas. Je ne trouve pas souvent de raison de publier une image, parmi le vaste concert des images, et si ce n'étaient mes amis ou certains de mes amis, j'en publierais encore moins. Certaines, cependant, restent devant moi de nombreuses semaines, qui se révellent des mois, et je me surprends à espérer. Ces photos sont moins infatigables que le premier vers de ce poême, écrit par un mathématicien et rêveur, né au XIe siècle à Nichapur, en Perse. Edward Cowell découvrit le Rubaiyat d'Omar Khayam en 1856 à la bibliothèque bodléienne. Fitzgerald, qui acceptat de les traduire, dit qu'ils étaients de "curieux quatrains, infidels et épicuriens".En lisant la métaphore du premier vers, nous pensons d'abord que le rêve s'étendra sur tout le pôeme. Puis vient "la main gauche de l'aube" dans le ciel. Et le rêve tourne, il devient sinistre, et le lecteur le reconnait parmi ses nuits redoutées. Le poême dit ceci :Dreaming when Dawn's Left Hand was in the SkyI heard a  Voice Within the Tavern Cry'Awake my Little ones, and fill the CupBefore Life's Liquor in its Cup be dry'.

Le bal jaune

Le bal jaune

En October 2006
C'était l’automne
Ref 164.19a

Stéphane, qui est mon ami, dit beaucoup de mots. Le Bal jaune est un événement très dense, qui s'est déroulé cette année au cinquième étage de Beaubourg. Le vaste espace était démuni de bouteilles et des gardiens veillaient à ce que les privilégiés invités ne fument pas. Stéphane dit "si le rien cesse d'exister, on est vraiment confronté à la substance du néant".

Bon anniversaire Kamiel

Bon anniversaire Kamiel

En October 2006
C'était l’automne
Ref 163.28a

J'eus l'idée, en découvrant qu'une chanson durerait 2'41, que je n'allai pas réaliser combien ce temps serait du temps en moins dans ma vie. Au contraire, j'aurai l'impression que je peux expérimenter le temps, le mettre à l'épreuve, le mesurer, dire que 2'41, c'est peu ; au final, j'avais le sentiment simple que la longueur de ma vie était tellement grande, indéfinissable, qu'elle recelait peut-être (l'espoir) un infini caché.

Piazza Verbano, casa di Valentina

Piazza Verbano, casa di Valentina

En July 2006
C'était l’été
Ref 160.26a

Cette nuit, je suis déscendu de l'appartement de ma mère, celui de l'époque où j'habitais en face de chez moi, à Saint Gratien, avant mon second déménagement. Sur la place de la Mairie s'éteint un cèdre du Liban. Il y avait une kermesse d'objets blancs. J'ai vu un meuble qui ne m'est pas inconnu. J'ai pris un scooter blanc qui m'a conduit plus loin, à gauche d'une route. Les années avaient pris ses freins mais je m'en accommodais sans surprise ni peur. Je suis entré dans un grand hall de poste et parmi la foule de l'attente je savais qu'il y aurait des gens pour me connaître.Comme je peux jouer avec la gravité, un médaillon noué par un ruban bleu sort de mon cou et pend vers le plafond. Je pouvais faire d'autres choses aussi, qui m'ont rendues suspect à la foule. Un homme m'a d'ailleurs tué avec un poignard de corne. Mon visage s'est mit à changer, parce que je pouvais changer de visage, et je lui ai joué le tour suivant : comme je peux ressembler à ce que je veux, j'ai pris la forme d'un homme qui serait mort. En confiance, le tueur a reculé, alors j'ai pris d'autres formes, la forme d'un homme orange, la forme d'un homme orange qui serait plus petit, la forme d'une mâchoire, d'autres formes encore qui contenaient de nombreux bras, toutes les formes précédentes multipliées par un miroir ou par la procréation, j'ai pris la forme d'un décor de banlieue avec une poste et, dedans, l'homme qui avait ténté de me tuer. Mais dans chacune de ces formes il y avait comme un fil rouge ou une brillance qui les mettaient en continuité. Sans elle, dans mon rêve, je n'aurais pas pu comprendre que chaque forme étaient toujours moi. En fait, cette brillance était la seule forme qui évoque l'idée d'une personne pouvant prendre toute les formes, et cette brillance, c'était moi.Paris, 30 janvier 2007