La "main gauche de l'aube"
C'était l’automne
Je ne sais pas qui lut ce poème à voix haute en premier, si c'était une étudiante à Buenos Aires en 1966, ou un étudiant à Cambridge en 1967 ou 68, ou Patrick Devedjian lors d'un dîner rue Pierre et Marie Curie, ou Edward Fitzgerald qui l'écrivit, ou la femme d'Edward Fitzgerald, dans la ferveur de la curiosité. Je l'ai lu sur l'oreiller il y a peu.Lorsque les photographies arrivent, je les place sur le mur, où elles restent longtemps. Certaines s'essouflent et tombent d'elles-mêmes, je les range et on ne les voit pas. Je ne trouve pas souvent de raison de publier une image, parmi le vaste concert des images, et si ce n'étaient mes amis ou certains de mes amis, j'en publierais encore moins. Certaines, cependant, restent devant moi de nombreuses semaines, qui se révellent des mois, et je me surprends à espérer. Ces photos sont moins infatigables que le premier vers de ce poême, écrit par un mathématicien et rêveur, né au XIe siècle à Nichapur, en Perse. Edward Cowell découvrit le Rubaiyat d'Omar Khayam en 1856 à la bibliothèque bodléienne. Fitzgerald, qui acceptat de les traduire, dit qu'ils étaients de "curieux quatrains, infidels et épicuriens".En lisant la métaphore du premier vers, nous pensons d'abord que le rêve s'étendra sur tout le pôeme. Puis vient "la main gauche de l'aube" dans le ciel. Et le rêve tourne, il devient sinistre, et le lecteur le reconnait parmi ses nuits redoutées. Le poême dit ceci :Dreaming when Dawn's Left Hand was in the SkyI heard a Voice Within the Tavern Cry'Awake my Little ones, and fill the CupBefore Life's Liquor in its Cup be dry'.