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Yeah, au Bal Jaune

Yeah, au Bal Jaune

En September 2007
C'était l’automne
Ref 181.28

Après un long voyage parmi les villes, je rentre enfin à Rome . L’un de mes amis m’accueille avec bienveillance, dans un appartement très floridien. Je me rappelle des chemises colorées, du soleil droit, des carreaux chauds qui agacent les pieds, d’une palmeraie et de l’odeur des peaux foncées. Mon ami est très petit et porte un complet blanc colonial en lin. Il s’appelle Manuel Bello, je le vois sur le badge de sa chemise, et comme je l’accueille par un «ciao bello», mes mots et son nom se mélangent ou s’intercallent.
Pour mon retour, mes amis se sont entre-invités pour une grande soirée de retrouvailles. Katja-Anna arrive la première. Elle porte sa chemise frou-froussée dont je ne connais que la photographie et un haut noir dentelé qui est très malhonnête et très féminin. Les traits de son visage sont plus vieux, mais pas vieux. Plus angulaires, plus sûrs, plus fermes, ceux plus d’une femme que ceux d’une jeune fille, comme j’imagine qu’ils sont aujourd’hui après les mois empilés sur les mois.
Nous sommes joyeux. L’idée de cette soirée nous enchante, nous allons pouvoir nous habiller, mettre du parfum, manger des fruits, je pourrais lui présenter mes amis. Elle me dit qu’elle a un petit ami, là-bas, à Vienne, mais le fait qu’elle me le dise dans la première minute de son texte me confirme que nous ferons l’amour après le bal, ce soir qui tombe autour de nous plus vite que prévu.
Paris, le 11 janvier 2008

Au Baron

Au Baron

En August 2007
C'était l’été
Ref 179.32a

Ce matin, les oreilles ensevelies sous la couette pour ne pas entendre la sonnerie du téléphone, je me suis dit, en sentant la lumière du square sur mon nez, qu’il devait bien être 10h30, et que je ferais mieux de me lever. J’ai ouvert un oeil péniblement, que je m’efforçai de garder au moins à moitié ouvert. Les planches du parquet de bois, les tapis et mon bureau me regardaient obliquement. J’ai essayé d’ouvrir mon oeil en entier, mais je n’y suis pas parvenu. J’ai essayé d’ouvrir l’autre oeil, mais je n’y suis pas parvenu. Mes jambes, mes épaules, appuyaient sur la couette par le dessous, et je n’ai pas réussi à les déplacer non plus.J’ai tout de suite paniqué. J’étais très conscient, mais si vulnérable ! Je sentais aussi que, sitôt que je refermerai ma paupière, le sommeil moelleux auquel je n’avais encore qu’à moitié échappé me rattraperait. Je crois que c’est d’ailleurs ce qui se produisit, au moins deux ou trois fois.L’une de ces fois, j’ai rêvé qu’une grande forme insaisissable, anthracite, jouait avec moi dans le lit, qu’elle déplaçait ma tête au milieu du matelas, qu’elle soulevait la couette pour mettre mon corps à nu, et je ne pouvais rien faire. J’ai même rêvé que cette forme était le fantôme de ma chambre (que mes amis, ou ceux qui ont bénéficié de sa générosité connaissent bien), profitant de ma situation.En me réveillant, la paupière toujours a demi ouverte, je crois que la terreur me donna une force nouvelle. je parvins à me redresser sur le lit, bien conscient que j’étais réveillé, mais suspicieux que le fantôme ne revienne, traversant les mondes interchangeables. Au bout de quelques minutes, j’avais fait trois mètres, je sentais encore le poids du sommeil sur ma paupière et je commis l’erreur irréparable de la refermer.Je me suis réveillé dans mon lit, paralysé. Je parvins à me redresser, au prix de mille efforts, mais les lattes du parquet, les tapis et le bureau ne pivotèrent pas comme prévu. L’image devant mes yeux ne bougeait pas, bien que moi je bougeai, et je ne voyais plus qu’une seule image immobile. Quelque chose de liant, dans le monde, s’était corrompu pendant mon sommeil, et cette chose était si profonde qu’en changeant, elle avait aussi changé la logique et la mémoire, si bien qu’on ne pourrait plus jamais retrouver ce qu’elle avait été, et que c’était comme si rien n’avait changé. Je fermai les yeux à nouveau.En me réveillant, je profitai d’avoir récupéré mon corps pour courir dans le salon. Le téléphone sonnait. Quand Alice me demanda si j’allais bien, je sus qu’il devait être 12h passées, que j’avais lutté pendant près de deux heures contre le rêve. Quand elle me demanda si j’avais oublié son anniversaire, je sus qu’il ne fallait rien lui avouer, qu’elle aussi faisait partie du décors, car l’anniversaire d’Alice est en janvier, et nous sommes en novembre.Je décidai de jouer le jeu. Puisque je rêvais toujours, je pouvais peut-être récolter des indices qui me permettraient de sortir du rêve. Du moins de le comprendre.Sur un valet, j’ai vu un costume de Lapin gris anthracite. Je compris instantanément la supercherie du fantôme. Au fond d’une vaste pièce attenante au salon, qui, pour la veille, ne serait pas dans mes moyens, j’ai rencontré Nabil et JP, travaillant à une sorte de magazine ou de journal. Je décidai de jouer un tour aux personnages du rêve. Je pris l’un et l’autre par la main, et les amenai dans ma chambre. je leur dis de veiller sur moi, je leur dis que, si jamais je fermais les yeux, j’allais disparaître puis me réveiller dans ce lit.Je savais que nous étions tous les trois des personnages rêvés. Je savais aussi que nous devions jouer ce rôle jusqu’au bout, et que le premier qui ferait une erreur trahirait le fait même du rêve. Pour conserver l’intégrité de Nabil et de JP, ou plutôt pour que je croie en eux jusqu’au bout, le rêve ne se corromperait pas devant leur yeux, il ne me ferait pas disparaître ici puis réapparaître là. S’il le faisait, je saurais définitivement que Nabil et JP ne sont pas réels, j’en aurais la preuve, et je pourrais me réveiller. Je sentis que j’avais gagné, j’avais logiquement gagné, parce que l’autre possibilité, la seule qui permit au rêve de se sauver, était que je ne me réveille pas dans le rêve.Je me suis donc mis dans le lit, j’ai fermé les yeux, je les rouverts je me suis levé, j’ai marché jusqu’au salon et j’ai commencé à taper ce récit. Je sais que, là-bas, le regard bienveillant de Nabil et de JP justifie éternellement l’image odieuse de mvd.Paris, le 9 novembre 2007

Mais toi tu n'as jamais aimé tout ce que j'étais.

Mais toi tu n'as jamais aimé tout ce que j'étais.

En August 2007
C'était l’été
Ref 179.14a

Je vois cette fille de dos, je vois ses jolis mollets ronds qui tournent comme les mollets de Lue. Je suis amusé, et je me sens plein de rire. Mais de l’autre côté des mollets, je vois un trou de souillon dans le collant, qui me ramène la pauvreté, une solitude faite de misère et de lente disparition, juste devant, si proche, et pourtant exclue de la tiédeur de l’amitié, qui est l’un des destins qui me hante, et que j’ai sans doute passé, par contamination, avec la salive ou l’amour ou l’humour. Mais pas mon Lue, pas mon Lue.Ca fait des mois que je n’a pas été plus proche de rêver de pleurer.Paris, le 18 décembre 2007

Sous la tonnelle de Cécile Hugon

Sous la tonnelle de Cécile Hugon

En July 2007
C'était l’été
Ref 176.7a

Nous sommes dans le hall d’un grand immeuble, Sylvain et moi, à la recherche d’un certain Cxxx, afin de lui remettre un paquet. Malheureusement nous n’avons si l’étage, ni le numéro de téléphone, ni le nom en entier de cette personne.A roder dans le hall, nous sentons que nous devenons lentement suspects aux yeux des autres habitants. Nous essayions de nous faire voir le moins possible le temps de trouver une solution. Enfin nous trouvons un panneau d’affichage qui liste les noms des habitants de l’immeuble. Un nom correspondrait bien, mais, manque de chance, il est écrit trois fois pour les trois derniers étages. C’est ce moment de confusion que choisit le gardien de l’immeuble pour surgir et nous demander des comptes. Nous tentons en vain de lui expliquer notre situation, mais il la juge absurde et ne crois pas qu’on enverrait un paquet sans nom, sans numéro et quasiment sans adresse. Je suis d’accord avec lui.Mais pendant que nous doutons, je vois le numéro de téléphone du destinataire, écrit sous une plaque dorée, comme une plaque de docteur ou de charlatan vodou. Ce numéro de téléphone est très précieux : je le note sur ma main en retraçant plusieurs fois chaque chiffres. Il commence par 06 et comporte plusieurs répétitions.Dans l’ascenseur, nous sommes très surpris qu’il n’y ait que deux boutons. Le 3 et le 7. Nous montons au 7.Encore de longs couloirs tamisés et des portes. Sylvain sort, et le rêve, qui jusqu’à présent représentait la perplexité, devient un cauchemar. Je fais tomber le colis, qui s’ouvre et jette partout dans l’ascenseur mon propre linge sale, celui dans lequel vous ne voudriez pas mettre le nez. Les portes de l’ascenseur souhaitent se refermer, je dois gesticuler pour poser un mollet devant la cellule infrarouge et rassembler les chemises, les t-shirts, les caleçons qui ne rentrent plus dans la boîte dont ils sont sortis.Surpris par l’impossibilité de ce qui m’arrive, j’appelle sylvain à l’aide, je lui dis « pitié, aide-moi », je sens bien qu’il m’arrive quelque chose d’immense, mais lui (ici, une plainte qui ne m’est pas étrangère), ne vient pas, ou si lentement. Je tente de me rassurer étrangement en pensant qu’ils n’ont pas mon manteau, que mon manteau m’appartient encore.Des hommes rablés avec de beaux costumes importants défilent dans le couloir et me regardent, je sais que les portes de l’étage sont toutes ouvertes et que la famille se rassemble pour recevoir son colis. Il y a des enfants parmi l’assistance, et je me souviens avoir eu, hors du cauchemar, ce vrai mouvement de me couvrir sous la couette, de peur, quand je réalisai que le numéro de téléphone, si consciencieusement noté sur ma main, avait disparu, et emporté avec lui toute preuve de ma présence légitime dans ce foutu immeuble.(hier, Sylvain a lu 4 textes de la Candeur des Monstres, et nous en avons parlé pratiquement 10 minutes)Paris, le 28 octobre 2007 

Regarde-moi. Regarde-moi.

Regarde-moi. Regarde-moi.

En July 2007
C'était l’été
Ref 176.20a

Elle vendait du vin de Molard et des saucissons au bouc sur la route des fruits qui monte à l'Izoard.

Stephane et Loulou Panda, chère tête blonde

Stephane et Loulou Panda, chère tête blonde

En June 2007
C'était l’été
Ref 176.3a

Un rêve sur mon sentiment éthique, ou sur ce que je pense de la pédagogie, parvenu sans aucune image, ni mouvement, réduit à une phrase extrêmement précise. La phrase est : « quand les gens comprendront-ils que ce qui est à tous est aussi à eux, et que ce qui n’appartient à personne leur appartient ? »Paris, le 7 novembre 2007