Lastour, château cathare
C'était l’automne
Nous sommes dans le hall d’un grand immeuble, Sylvain et moi, à la recherche d’un certain Cxxx, afin de lui remettre un paquet. Malheureusement nous n’avons si l’étage, ni le numéro de téléphone, ni le nom en entier de cette personne.A roder dans le hall, nous sentons que nous devenons lentement suspects aux yeux des autres habitants. Nous essayions de nous faire voir le moins possible le temps de trouver une solution. Enfin nous trouvons un panneau d’affichage qui liste les noms des habitants de l’immeuble. Un nom correspondrait bien, mais, manque de chance, il est écrit trois fois pour les trois derniers étages. C’est ce moment de confusion que choisit le gardien de l’immeuble pour surgir et nous demander des comptes. Nous tentons en vain de lui expliquer notre situation, mais il la juge absurde et ne crois pas qu’on enverrait un paquet sans nom, sans numéro et quasiment sans adresse. Je suis d’accord avec lui.Mais pendant que nous doutons, je vois le numéro de téléphone du destinataire, écrit sous une plaque dorée, comme une plaque de docteur ou de charlatan vodou. Ce numéro de téléphone est très précieux : je le note sur ma main en retraçant plusieurs fois chaque chiffres. Il commence par 06 et comporte plusieurs répétitions.Dans l’ascenseur, nous sommes très surpris qu’il n’y ait que deux boutons. Le 3 et le 7. Nous montons au 7.Encore de longs couloirs tamisés et des portes. Sylvain sort, et le rêve, qui jusqu’à présent représentait la perplexité, devient un cauchemar. Je fais tomber le colis, qui s’ouvre et jette partout dans l’ascenseur mon propre linge sale, celui dans lequel vous ne voudriez pas mettre le nez. Les portes de l’ascenseur souhaitent se refermer, je dois gesticuler pour poser un mollet devant la cellule infrarouge et rassembler les chemises, les t-shirts, les caleçons qui ne rentrent plus dans la boîte dont ils sont sortis.Surpris par l’impossibilité de ce qui m’arrive, j’appelle sylvain à l’aide, je lui dis « pitié, aide-moi », je sens bien qu’il m’arrive quelque chose d’immense, mais lui (ici, une plainte qui ne m’est pas étrangère), ne vient pas, ou si lentement. Je tente de me rassurer étrangement en pensant qu’ils n’ont pas mon manteau, que mon manteau m’appartient encore.Des hommes rablés avec de beaux costumes importants défilent dans le couloir et me regardent, je sais que les portes de l’étage sont toutes ouvertes et que la famille se rassemble pour recevoir son colis. Il y a des enfants parmi l’assistance, et je me souviens avoir eu, hors du cauchemar, ce vrai mouvement de me couvrir sous la couette, de peur, quand je réalisai que le numéro de téléphone, si consciencieusement noté sur ma main, avait disparu, et emporté avec lui toute preuve de ma présence légitime dans ce foutu immeuble.(hier, Sylvain a lu 4 textes de la Candeur des Monstres, et nous en avons parlé pratiquement 10 minutes)Paris, le 28 octobre 2007
Un rêve sur mon sentiment éthique, ou sur ce que je pense de la pédagogie, parvenu sans aucune image, ni mouvement, réduit à une phrase extrêmement précise. La phrase est : « quand les gens comprendront-ils que ce qui est à tous est aussi à eux, et que ce qui n’appartient à personne leur appartient ? »Paris, le 7 novembre 2007
"...même dans des circonstances éternelles. Du fond d'un naufrage."
Je suis dans les montagnes, à 2330 metres, où l'herbe explose de sauterelles devant tes pas, où l'eau des lacs d'altitude est grise, ou le bois se fend à la hache. En haut de la citadelle, je suis dans une photographie de Briançon. Je suis aussi à Manosque, pour faire les 14 pots annuels de confiture de figue triple bourbon brûlé, brugnon rhum brun, abricot Henri Bardouin. Je suis à Marseilles, à Nice et à Rome , où il n'y a pas un seul romain. Je suis le type à l'Antique Café de la Paix, sous l'égide de l'aigle à deux têtes pour une seule couronne, qui essaie de finir un livre. Lorsque ça me gratte, je suis dans la voiture de Vincenzo.