Yaoyorozu no kami. Le Shintoïsme possède huit millions de dieux (un nombre infini de dieux). Ces dieux sont la rivière, le vent et le cerf. Ils sont une chose commune, une chose des grands chemins. Ils sont la terre qui apaise et le campement de la montagne. Ils sont l'enfance sacrée, la maison et les grands paysages. Nous les partageons tous, en eux habite un regard éveillé.
S'il arrive que leur clarté nous échappe, c'est que les mois se sont pelotonnés dans les mois. La vie devient dure. Souvent, non sans avidité, nous nous approprions leurs bienfaits. Séculaires, dans l’ombre, ils attendent pourtant que nous fassions halte, comme des enfants, dans leurs visages profonds. Ce qu'il y a de mutuel en eux cherche à nous sauver.
C'est cela que je me souhaite. Retrouver le monde, c’est retrouver le geste par lequel nous savons détisser, un, à un, les noeuds qui entremêlent nos vies parfois jusqu’à l’inextricable. On prie dans le sud Maria Desatadora dos Nós qu’elle nous vienne en aide. Mais le monde tout entier en possède le désir. Je nous souhaite que la multitude moins occupée des petits dieux nous prête ses doigts transparents. Je nous souhaite de savoir ramasser leur nombre infini, qui jonche patiemment la route. Je te souhaite cela.