Les arcades de l'or du Zócalo
Deux rêves cette nuit, plus longs que prévus. Dans le premier, Oléna, (la blondeur solaire d’Oléna et son corps en santé, qui sont ceux de J.S.) et moi nous retrouvons dans la périphérie d’une grande ville. Le ciel est retenu pas des bretelles d’autoroute. Alentour grouille un marché sale et des caravanes précaires et habitées.
Oléna et moi ne pouvons pas être ensemble, à cause de la ville et des raisons complexes qui forcent deux personnes qui s’aiment à se regarder de loin. Mais nous nous chassons parmi les caravanes et les vendeurs de pierres. Je suis plus sérieux qu’elle : en tentant d'intercaler deux arrêts de bus entre nous, je compte mettre un terme à ce jeu dangereux. Mais elle reparaît dans un parking où se vendent des voitures d’occasion. Finalement je l’enlace et elle me glisse dessus. Un baiser.
Le second rêve se déroule dans un décor vaste et étranger, sans doute les rues qui entourent le Zócalo, puis le quartier de l’Ambassade de France à Mexico, avec ses pentes. Sylvain et moi revenons à une maison que nous avons déjà habitée, à bord d'une grosse voiture américaine, bariolée, très haute, munie d'un marche-pied comme les camions, si forte qu’elle fait rebrousser chemin à toutes les autres voitures qui essaient de nous croiser, sur cette petite route à une seule voie.
La maison porte les cicatrices de notre habitation : des objets à moitié ouverts, des lieux sales, des draps, nos odeurs et nos coquetteries de décoration. C’est chez nous.
Nous sortons, et nous croisons Hervé Devolder, comme nous croisons souvent Hervé Devolder en sortant. Il est déguisé en homme feuillu, pour le grand carnaval. Je regarde en contrebas d’un cour de tennis. Des dizaines de personnages jouent au ping-pong ou au badminton en déguisement. C’est le grand renversement des apparences. Des hommes sont habillés en femme, des femmes en homme, les gentils en méchant. Ils ont des masques, ils sont libres : certains disent des grossièretés. Stéphanie, qui tout à coup apparaît, assise depuis longtemps sur le rebord des grillages qui nous protègent du cour, me regarde gentillement, sans doute juste pour me dire bonjour. Je hate le pas, il faut partir.
Plus haut, la rue s’écartèle en croisement. Sylvain traîne à parler avec Hervé, je m’impatiente de partir de ce lieu de décadence, qui ne m'est pas étranger. A gauche du croisement trois personnages complotent, dont l’un est Grégory Heyvaert. Je fais semblant de ne pas le voir, ce n’est pas le moment des longues explications. Bien sûr, Sylvain le voit et se met à parler avec lui.
Le seul embranchement du croisement qui me permettrait de partir sans me retourner se termine par une étagère pleine d’objets à vendre. Mais, comme toujours dans mes rêves, je n'ai pas la bonne monnaie.
Paris, le 23 fevrier 2008