L’avion qui relie les deux aéroports prendra plutôt la route. Les sursauts et les immeubles qui se resserrent me mettent mal à l’aise. «ne vous inquiétez pas», dit une voix par le haut parleur, «c’est votre commandant qui vous parle, et je suis toujours avec vous, tout est en ordre». Je suis rassuré.
Par le hublot innatendu, aux urbains qui attendent le bus, je fais un geste tranquille de la main qui espère les tromper. Peut-être finiront-ils par croire que cet avion est le mien privé.
Paris, le 25 septembre 2008
Vue la cadence à laquelle le brasier entame la grande forêt devant nous, Hannah et moi, en habits d’été, dans cette Golf décapotable, doutons fortement de pouvoir passer. Dès les premières houles de chaleur, nous sommes repoussés par le feu comme par une vague vaniteuse et maîtresse. En nous résolvant à un prochain demi-tour, je vois que la traverse de la décapotable et une partie du Leica ont rougis du coup de chaud. Mais avant cela, heureusement, je vais pouvoir prendre autant de photos que je veux de l’incendie, qui possède maintenant tout la forêt, car nous devons d'abord ralentir, puis nous arrêter, au derrière de la file innombrable des autres automobiles qui, voulant pénétrer le brasier, se sont toutes résolu à un grand concert de lents demi-tours.
Pierrevert, jeudi 30 juillet 2009